The cure for boredom is curiosity. There is no cure for curiosity

mercredi 5 décembre 2007

Esthétique (philosophie de l'art)


Merci pour vos mails de soutien, qui me rappellent aussi les promesses du début, oubliées dans les méandres de la mode au quotidien.
Si ce blog avait l'intention de s'intéresser à la mode, il avait annoncé aussi qu'il traiterait plus largement de la vie (on ne peut pas l'empêcher d'être un peu partout, de toutes façons) et des arts...
La mode n'est que l'un d'eux, le plus démocratisé et celui qui permet donc de parler des gens d'aujourd'hui, en englobant toute la société.
Voilà quel était le projet originel :
"propos sur la mode et l'art qui pourront servir de tremplin à un débat plus large sur notre identité de femmes du troisième millénaire."
J'aime la mode qui, bien qu'étant industrielle (produire en série paraît toujours s'opposer à l'art), permet une interprétation personnelle des tendances et est en ce sens créative, tout en restant limitée par les propositions de l'industrie.
L'habillement est avant tout une nécessité (maintenant qu'on a perdu nos poils, ce n'est plus un choix), pourtant il devient un art lorsque la recherche esthétique prime sur l'utilité (combien d'entre vous sacrifient leur confort sur l'autel du style).
Au sens philosophique, l'art est une activité de création, les oeuvres qu'il produit ont une valeur esthétique. Il s'oppose à la technique en ceci qu'il ne cherche pas à avoir une fonction pratique, il n'est pas subordonné à une fin extérieure à lui.
L'art vaut pour lui-même, il n'est pas un moyen mais une fin en soi. La seule fonction qu'il ait, de fait, est de provoquer un effet esthétique. Il touche aux sens, produit de l'émotion.
On veut souvent opposer la beauté naturelle et la beauté artistique. La première n'a pas été produite par l'homme, la seconde découle d'une volonté. D'ailleurs, Platon blâmait l'art de n'être qu'une imitation d'imitation (3ème degré de réalité) : l'art imite le monde sensible (celui que connaît notre corps) qui lui-même imite le monde intelligible (celui que connaît notre esprit, également appelé "monde des idées").
Kandinski explique dans De l'abstraction, qu'en voyant un de ses tableaux à l'envers, l'impact qu'il avait était plus fort, parce qu'on n'y reconnaissait pas la nature des objets. Il a souhaité dès lors ne plus en reproduire et cesser par ce choix, d'imiter la nature (la mimèsis d'Aristote).
Les formes et les couleurs sont donc intéressantes par elles-mêmes, indépendamment de leur rapport avec des objets réels.
L'art a juste besoin d'être figuratif pour être une représentation du monde.
La mode, par ses symboles, reprend cette logique. Elle est une représentation de nous-même, de notre perception du monde et de nos émotions, quand on sait l'utiliser.
Le design que je considère aussi comme un art, en tant que recherche esthétique mais par son utilité rassemble les mêmes antithèses: des objets produits par la technique (soit un outil, un instrument ayant un but pratique) mais ayant une dimension esthétique.
Et vous, considérez-vous la mode comme un art, regrettez-vous ses limites ou trouvez-vous l'espace de vous exprimer?
Edit : La chanson qui m'a trottée dans la tête toute la journée:
jackson 5 sing I want you back
Les gens de ma génération, vous vous souvenez du dessin animé avec les frères Jackson?

10 commentaires:

Anonyme a dit…

"La beauté n'existe que dans les yeux qui la voient" dit-on. Je suis en partie d'accord, car il faut constater à quel point les standards, canons et styles évoluent à travers les âges.

Je suis par ailleurs convaincu que la beauté physique est liée à l'instinct de reproduction en ceci qu'elle est inconsciemment perçue comme reflétant la santé et des gènes "dignes d'être perpétués".

L'esthétique de la mode quant à elle est une notion complexe car regroupant un faisceau de facteurs constitutifs : d'une part elle renforce la beauté physique (ou du moins essaie souvent), d'autre part elle distingue l'individu de la masse en révélant sa double préoccupation de l'apparence et de la modernité ; mais ce n'est pas tout : elle permet aussi d'affirmer un statut social lorsqu'elle se pare de marques coûteuses, de revendiquer certaines valeurs en relation avec une tranche d'âge ou des opinions politiques, de former des cercles de reconnaissance mutuelle dont les plus extrêmes (punks, gothiques...) peuvent même faire l'objet d'une mise à l'index choisie (et non subie) dans une certaine frange de la société.

Cette complexité est accentuée par le fait indéniable que l'esthétique de la mode n'est ni universelle ni intemporelle, cette dernière caractéristique étant même indispensable au concept de "mode". Le "phénomène de mode" désigne fort justement un engouement passager, sans fondements sérieux, combiné à un comportement de suivisme moutonier. Peut-on réellement parler d'esthétique dans ces conditions ? Le sens du beau n'est-il pas déformé - voire noyé - par le soucis de faire partie de la tendance dominante, de rester associé(e) à l'évolution de la société ? La Joconde est censée incarner une beauté sublime que peu contestent. Pourtant des études ont révélé qu'elle n'a plus rien à voir avec ce qu'elle était à la Renaissance, à tel point que L. de Vinci la trouverait probablement hideuse aujourd'hui, tant elle est cadavérique et son expression d'origine est altérée !!

Je me méfie d'une esthétique imposée, que ce soit à coup de marketing ou par respect des traditions. En la matière, je ne me fie qu'à mon instinct et à mon feeling, quitte à aller à contre-courant...

Anonyme a dit…

Je ne pense pas être aussi prolixe que flabb. Mais voilà la grenadine que j'aime, celle qui fait de chaque élément du monde un objet de réflexion et de jeu à la fois.
La mode, large débats, nos goûts et nos couleurs sont assez largement influencés pour ne plus savoir vraiment où retrouver notre individualité. Perso je préfére éviter de me poser la question. si j'aime, j'aime, et peu importe alors que mon jean soit porté par des millions de paires de jambes, je l'aime quand même. Peu importe aussi que mon pull soit une abération modesque, je l'aime quand même et je tire la langue à ceux que ça dérange.
La mode suivie inconsciemment et indifférement devient facteur d'uniformisation, mais dans un monde qui le serait moins est-ce qu'on remarquerait combien une petite broche peut faire la différence? Mon optimsme à tout épreuve me fait continuer à croire que dans chaque chose on retrouve l'individu, dans chaque choix, et qu'un monde qui s'uniformise n'empêche pas la créativité, bien au contraire puisqu'il fait naître l'envie d'être différent.
voilà!

lea a dit…

Pour moi, la mode est une façon de s'exprimer, comme l'art. Mais on peut l'adapter, la personnaliser.
Problème : les jours où l'on n'a rien à dire.

Anonyme a dit…

La haute couture peut être considérée comme un art, puisque les vêtements ne sont pas destinés à être portés, mais seulement à être exhibés lors des défilés.
Quand à la mode quotidienne, je ne sais pas, je vois plutôt les vêtements comme des repères visuels immédiats, comme une vitrine de la personnalité, des goûts, de la vie ou de l'histoire (une source iconographique de la personne). Mais comme dit l'adage, il faut se méfier de l'apparence qui peut être trompeuse, la mode peut dissimuler des complexes, feinter l'appartenance à une caste, donner une version erronée de soi aux autres... Je m'égare peut-être...

Anonyme a dit…

j'aime aussi m'exprimer par les vêtements
j'aimerais les fabriquer moi-m^me
pour ne pas les retrouver sur tout le monde!
je me suis régalée avec les jackson five
je suis aussi de la génération du dessin animé!

Frieda l'écuyère a dit…

La mode est pour moi un art qui en englobe d'autres. Beaucoup de créateurs sont directement influencés par l'art, contemporain ou classique. Et l'histoire de la mode en tant qu'art, est passionnante.

Amylee a dit…

Oui, je me souviens du dessin animé POPulaire sur les frères jacksons. A...B...C... !

Moi je m'inspire de la Mode dans mes créations picturales. Je suis très branchée déco aussi !!!

Anonyme a dit…

flab : je suis contente de voir que les posts philosophiques t'inspirent plus que n'importe lesquels. Je connaissais une autre version de ta 1ère phrase: "la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde", attribuée à Cézanne.
Le lien de l'attirant avec l'instinct de reproduction est indéniable (des traits très masculins chez l'homme, très féminins chez la femme).
Ton analyse sociologique de la mode me plaît et je pense qu'on reviendra plus en détail sur les points que tu abordes.

cybèle : maintenant, je crois que tu mérites aussi le titre d'associée féminine (flab, premier détenteur du titre) vu la qualité de tes interventions!

fanette : bien vu! Je crois que "les jours où l'on n'a rien à dire" méritent un post, ainsi que la nécessité du fashion faux pas...

cécile : non tu ne t'égares pas, ta définition me convient et les limites que tu lui trouves aussi.

stella : contente que ça t'ai plu. Je t'encourage à essayer si tu te sens une âme créative...

frieda : tu as réussi à mettre un lien?? blogger fait des caprices avec moi en ce moment...
Je vois aussi la mode comme un art, peut être plus sociologique que les autres encore, car c'est un phénomène de masse. L'artiste innove mais ça ne dit pas que la société dans laquelle il invente soit une société aussi éclairée que lui.

amylee : est-ce que c'est possible de voir tes créations quelque part? Tu n'aurais pas une boutique Ebay, il me semble avoir vu ça via trender. Préviens mes lecteurs!

Anonyme a dit…

Il y a plein de messages dans le précédent post à qui tu n'as pas encore répondu... c'est normal ? ^^

Anonyme a dit…

flab : c'est fait, merci de ta vigilance!