The cure for boredom is curiosity. There is no cure for curiosity

lundi 17 mars 2008

haïku vestimentaire


Revenir à plus de simplicité. Cette règle vaut dans de nombreux domaines.
En terme d'habillement, la photo ci-contre est représentative d'un style simple et efficace.
J'aime la coupe des manches et son imprimé à petits carreaux, porté avec un slim ajusté, sans bijoux. L'ensemble est aussi épuré et doux que l'environnement zen : plante verte en premier plan, bois clair bien que teinté et luminosité.
Cette scène inspirerait presque un haïku (poème japonais très court : un tercet de 5, 7 et 5 pieds pour les haïkus occidentaux)
Le haïku le plus célèbre est celui de Matsuo Bashō :

"Un vieil étang,
Une grenouille saute,
Le bruit de l'eau. "
Le dernier vers n'est pas toujours traduit de la même façon parce qu'il s'agit d'une onomatopée en japonais. Le dernier vers est donc parfois réduit à un "plouf", "plop"ou "flop" : le bruit de l'eau onomatopéique. Mais ce n'est pas sans rappeler l'histoire moyennement drôle de "paf le chien", cette blague est finalement un haïku :
"un chien se promène sur la voie routière, une voiture passe, paf le chien".
Et une autre moins connue : "un homme entre dans un café, plouf" (plus surréaliste que haïku, celle-là) .
Une autre traduction, que je trouve plus subtile , est celle de Corinne Atlan qui a misé sur un effet visuel plutôt que sur un effet sonore; elle a traduit le dernier vers par : « le trouble de l'eau ».
Du coup, si on devait rationaliser ce vers qui ne devrait être que ressenti comme une évidence (mais on est cartésien malgré nous; l'influence du milieu), il représente un état de calme qui est perturbé en une seconde, ça montre donc l'impermanence des choses et le lien entre l'être vivant et la nature qui l'entoure : tout geste a une conséquence et une action aussi petite soit-elle peut engendrer de grands bouleversements (comme l'histoire du battement d'aile du papillon qui pourrait provoquer un cyclone par répercutions d'événements, l'effet boule de neige).
Le sens d'un haïku peut ne pas apparaître tout de suite, cette vision du monde parle plus aux contemplatifs qui voient les événements les plus simples comme des révélations sur le sens du monde : les lois physiques deviennent pour eux des lois philosophiques. Ainsi, un constat scientifique comme celui de Lavoisier "rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme" a un équivalent au niveau abstrait.
Le style nouveau qui caractérise l'école de Matsuo Bashō est le style shōfu.
Celui-ci peut se définir par quatre mots :
sabi : c'est la recherche de la simplicité et la conscience de l'altération que le temps inflige aux choses et aux êtres ;
shiori : il s'agit des suggestions qui émanent du poème sans qu'elles ne soient formellement exprimées ;
hosomi : l'amour des choses humbles et la découverte de leur beauté ;
karumi : l'humour qui allège du sérieux et de la gravité.
Un haïku doit habituellement contenir un "kigo", qu'on traduit par "mot de saison", c'est à dire un mot qui représente allégoriquement une saison. S'il n'en contient pas et que le contenu du poème ne traite pas de la nature mais des travers humains, on ne l'appellera plus haïku mais senryū.
Et vous, pourriez-vous improviser un haïku ou un senryū à propos de la photo ou de toute autre inspiration?

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Ton billet est magistral - il me fait un bien fou dans cette ville de dingues - si tu poses tes couverts plus de 40 secondes un serveur vient t'enlever ton assiette. Que tu parles bien du zen...

Agathine a dit…

très joli post. j'ai découvert les haiku il y a peu en lisant "neige", que je te conseille par ailleurs. je trouve ça magique ces poèmes...

Anonyme a dit…

je ne me sens pas capable d'écrire un haiku de si bon matin, mais j'aime beaucoup ton article, je suis aussi fan de haiku, parce que même si on ne comprend pas toutes ces subtilités, il y a justement cet espace vide (ce qu'on ne comprend pas)que je trouve très mystérieux et propice à la rêverie.

Anonyme a dit…

T'es du matin, toi ! J'espère que mon billet du jour te plaira.
Je vais relire le tien et re-commenter.
A+

Anonyme a dit…

Désolé, inventer une contrepétrie japonaise, je sais pas trop faire.

Quant à l'exemple du papillon, on peut le rapprocher de la phrase des Frères Karamazov : "Nous sommes responsables de tout, vis-à-vis de tous". Mais on sort de la physique pour entrer dans la théologie.

Anonyme a dit…

Arigatô pour ce bel haiku !! J'aime, j'aime, j'aime !!!

Bonne journée^-^

Anonyme a dit…

J'en suis bien incapable. Mais je sais apprécier :-)

Anonyme a dit…

Voilà je repasse avec plaisir chez toi, pour deux raison, te dire que je venais de te blogrolliser et te remercier de l'avoir fait pour moi, sans que je m'en rende compte ni sans que tu me préviennes ce qui me fait encore + plaisir.
Je reviendrais lire tes posts avec grand plaisir. @ +++

Anonyme a dit…

miss zen : bravo pour ton haïku, tout à fait dans l'ambiance new yorkaise dans laquelle tu es en ce moment.

agathine : à quoi fais-tu référence quand tu dis lire "neige" : un blog, un livre, un magazine?

diane : c'est vrai que certains ne font pas tout de suite écho chez nous, il faut espérer vivre des illuminations plus tard, en les relisant.

nicolas : non j'écris toujours la nuit, avant de me coucher; il ne faut pas se fier à l'heure de mon blog, il n'est pas sur le même fuseau horaire que nous.
J'ai lu ton post et j'aime ton ton.
Ce n'est pas une contrepèterie, juste un poème court et contemplatif qui évoque une prise de conscience sur le monde.

sché(rie) : contente que ça t'ai plu.

frieda : contente que tu aimes.

Pierre-Jean : merci de m'avoir blogrollisée et contente que ça t'ai fait plaisir d'être déjà dans ma blogroll.

Ithaa a dit…

J'adoe le Haiku et J'adore te lire ma Grenadine! Tu as l'élégance et la magie de rendre un truc tout simple tellement agréable à lire...Même tes photos, tes BD, on s'amuse à les déchifrer...Bises

Anonyme a dit…

Tu as lu mon post et beaucoup aimé mon mon ("ton ton") ? Faute de calembour asiatique, je fais des bons jeux de mots hexagonaux.

J'espérais bien cela, quelque part (que tu puisses apprécier), sans prétention, bien sûr.
Sympa, ton top à carreaux.

Anonyme a dit…

Comme promis, je suis revenu, question, tu étudies la littérature japonaise ?

Je suis content d'en avoir autant appris sur les haiku, je m'entraine(ais) à écrire des poèmes mais je n'ai jamais réussi à obtenir un tel niveau d'exactitude.

Quel bon programme en tout cas chez toi. @ +++

Anonyme a dit…

ithaa : je suis très contente que ça t'emballe autant!

nicolas : je ne suis pas la seule conquise (on parle même d'une cours de fans; private joke!).
Ce n'est pas moi sur la photo.

pierre-jean : on peut dire que je l'étudie, mais seule; si tu te demandais si j'étudiais ça à la fac : non. J'espère que tu tenteras bientôt de faire des haïkus.