Lors de mon sujet sur l'angoisse! (datant du 24 novembre), j'avais annoncé un prochain débat (not scheduled : non planifié) sur le thème " humanité et humanisme" j'avais synthétisé l'idée sous forme de teaser : "avoir de l'humanité c'est avoir de la bienveillance envers ses semblables, on n'est pas humain avant ça".
J'ai mis le temps mais je sens qu'aujourd'hui ce thème s'impose, bien qu'il n'ait pas grand chose à voir avec la mode, mais avec la vie, on ne peut pas lui retirer ça.
J'aime la philosophie morale, il ne faut pas se laisser dégoûter par son aspect dogmatique, il faut juste voir en quoi cette nécessité de justice et d'équité résonne en nous.
L'humanité c'est d'abord le terme générique désignant tout individu du genre humain. On pourrait donc croire qu'être humain est acquis par la biologie. Cependant l'expression "ce n'est pas humain" montre qu'un homme peut être inhumain quand son comportement serait inacceptable s'il s'appliquait à tous. La base même de la morale est d'avoir le comportement qu'on attend des autres, d'agir de la façon dont on veut que le monde fonctionne.
Cette philosophie peut s'illustrer de façon triviale par le célèbre : "veuillez laisser cet endroit dans l'état où vous auriez aimé le trouver", ou plus généralement par le naïf "ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse".
Kant le résume ainsi : "Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse être érigée en loi universelle". On donne l'exemple du menteur qui tout en ne disant pas la vérité ne souhaite pas vivre dans un monde de mensonges sinon il ne serait pas cru, il attend donc des autres d'être son contraire.
Pour être humain, il faut se poser en modèle de ce qu'on attend de l'humanité. Tout commence forcément par soi. Avoir de l'humanité, c'est avoir de la bienveillance, c'est dépasser notre animalité qui place notre survie aux dépens de celle des autres. Un principe déterminant de l'action morale est de chercher son épanouissement et son affirmation dans des moyens qui profitent aux autres plutôt que dans une surenchère compétitive telle que la théorie du panier de crabes le laisse entendre.
L'humanisme a pour objet un développement humain, dans le domaine de la culture et de l'éducation, comme moyen de s'affranchir de nos instincts primaires. On doit souhaiter une élévation de l'humanité vers des valeurs, qu'elle s'invente, car la vie est amorale, au sens qu'elle ne connaît pas le sens du juste.
L'idéal humaniste fait confiance à l'homme pour dépasser les pièges de la trivialité et de l'obscurantisme, au profit de la dignité humaine.
Puisqu'on en a la capacité, dépassons les assujettissements, libérons-nous de nos influences animales qui sont les mauvaises herbes qui empêchent le reste de pousser.
Et vous, la philosophie morale, elle vous paraît nécessaire, inadaptée, inapplicable? Si vous connaissez d'autres formules qui illustrent les limites de la vie en groupe, comme "ma liberté s'arrête où commence celle des autres", sur la dignité humaine qui passe par le respect de l'autre, elles sont les bienvenues.
9 commentaires:
ça me fait penser à la phrase "pousses toi de là que je m'y mette".
Je déteste la théorie du panier de crabe.
il fallait le rappeler dans mode de vie grenadine!
Bon je vais aller réflechir à tout ça:-)
Aucun prédateur existant ou disparu n'a jamais fait autant de mal aux autres espèces vivantes (animales ou végétales) que l'humain, dont la cruauté envers ces autres espèces n'a par ailleurs jamais égalée celle dont il a fait preuve envers lui-même !
Donc pour commencer, je dirais que le terme "humanité", et son opposition à la bestialité, est pour le moins paradoxal pour désigner les sentiments ou attitudes dont il est ici question, même si c'est bien la définition communément admise et dans toutes les langues de surcroît...
En second lieu, je resterais prudent avec les notions de "morale" et de "juste" qui pour moi ne renvoient pas à des définitions uniques, intemporelles et unanimement reconnues, mais comportent une part trop importante de subjectivité. Je me contenterais donc d'y référer dans un sens très large, mais inévitablement très approximatif aussi.
Le coeur du sujet maintenant : la logique sous-jacente de la pensée humaniste, qui recommande d'agir envers autrui comme on aurait aimé qu'il agisse envers soi, réside dans l'hypothèse que chaque individu est une expression particulière de la condition humaine (Montaigne je crois). Autrement dit, selon les circonstances chacun peut se substituer à l'autre tour à tour dans le rôle de l'élève ou du professeur, du jeune ou du vieux, du chef ou du subordonné, etc.
Je ne rejette pas cette vision et c'est celle que je mets en pratique le plus souvent ; je me pose seulement la question de la viabilité d'une société ou tout le monde l'applique authentiquement et en toutes circonstances : n'y aurait-il pas un risque d'anarchie ? L'absence d'effort pour échapper à une condition laborieuse ou subalterne ne conduirait-elle pas à une entrave du dynamisme et du progrès ? Les parts d'inné et d'acquis sont-elles les mêmes chez tout le monde pour justifier l'idée d'une "interchangeabilité" des gens ? Je ne saurais répondre de manière absolue.
Je me situe en revanche contre une opposition de la morale à l'idée de compétition, ou des influences animales à celle d'élévation humaine : pour moi l'humanité doit comporter la modestie de reconnaître l'origine animale de sa condition. Non seulement elle ne doit pas la combattre (chassez le naturel et il revient au galop !), mais doit chercher à l'apprivoiser et en tirer profit. De même que dans le règne animal la compétition est souvent nécessaire à la survie individuelle sur le court terme, de même chez les humains cette compétition me semble indispensable à l'élévation collective sur le long terme...
je n'ai pas encore lu tout ce que dit Flabbergasted mais c'est bientôt les soldes et ce que tu dis sera tout à fait ton sur ton avec l'ambiance sauvage du moment...
A chaque fois que j'arrive sur ton blog, je commence à lire.. et puis je vais me chercher un thé ! J'ai besoin de théïne pour mettre en route mes neurones ;)
Sinon, j'ai entendu pendant toute mon enfance "la liberté de chancun s'arrête où commence celle des autres commence" donc ça me parle.
Sinon l'instint animal m'a guidée quand je me suis sentie un peu perdue avec un bébé de quelques heures dans les bras... Comme quoi, il ne faut pas oublier tous nos instincts primaires ça peut aider ;)
@ Cécile : moi aussi j'écris toujours ici en buvant mon thé ! Sauf que le soir c'est du déthéiné...^^
Dis donc tu as une peau splendide ma biche!
Je vais réfléchir avec Clo c'est plus facile à 2 hein?!
Ps: j'ai changé d'url au fait c'est http://streetluxe.fr maintenant!!! Eh oui ma bichette!!
Meilleurs voeux à toi!!
élise : du coup ta phrase me rappelle une comptine sur un oisillon qui pousse ses frères aînés hors du nid (le petit dit "poussez-vous", ils se poussèrent tous et l'un d'eux tomba du nid). Il y a de la place pour tout le monde, j'ai envie de dire... J'espère ne pas me tromper.
stella : je crois aussi!
clo : du coup tu nous laisses en suspens...On attend ta conclusion!
flab : l'avocat du diable qui ne supporte pas l'absence de nuances... Ma pratique de la dissertation aurait dû m'habituer à envisager les convictions contraires aux miennes. C'est pas si mal que tu te charges du sale boulot...(moi je fais le flic gentil!).
Je suis aussi convaincue que "l'homme est capable du meilleur comme du pire", cette phrase est le carrefour de nos deux pensées.
Je ne rejette pas l'animalité de l'homme : les animaux ne sont jamais injustes parce quel'instinct remplace la morale chez eux.
Je regrette que les hommes ne s'élèvent pas de leurs bas instincts (certains de ces instincts sont très beaux comme l'instinct maternel auquel cécile fait référence) parce qu'ils sont capables de comprendre ce qui est juste et doivent donc faire primer la morale sur leur instinct de survie s'ils ne souhaitent pas être taxés de cruauté.
Mon post est court et je n'ai pas développé l'aspect positif de nos origines animales.
fanny : l'ambiance sauvage des soldes est une illustration parfaite du phénomène que je dénonce : chacun pour soi, marche ou crève...Quelle tristesse l'individualisme.
cécile : tu parles de thé et je pense à the lovecats de The cure :
we should have each other to tea, we should have each other with cream. Si ce jeu de mots anglais ne fait rire que moi, je m'en excuse.
Je reconnais que je suis allée vite en besogne, j'aime certains de nos instincts, l'instinct maternel en fait partie.
Je ne rejette pas le fait d'appartenir à l'espèce animale, j'aime les animaux et leur neutralité morale, j'ai juste du mal à accepter cette neutralité chez les hommes, parce qu'ils sont capables d'avoir des valeurs et peuvent donc être injustes!
flab : cécile parlait justement de l'effet excitant sur son cerveau, alors sans théine...
dyns : merci, tu es adorable de m'envoyer ça comme ça!
Je prends note de ton changement d'url!
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