The cure for boredom is curiosity. There is no cure for curiosity

mercredi 28 novembre 2007

une soirée dans l'écusson

L'autre est à la fois sujet et objet. Il pense et est objet de réflexion. Autrui, c'est l'autre, extérieur à nous, différent. Mais autrui n'est pas que l'altérité, il est aussi, parfois, moi dans la peau d'un autre.
Si mon ami me donne souvent l'avis de l'autre. Autrui est à la fois l'autre et mon semblable.
Il est l'alter égo c'est à dire semblable à moi en même temps qu'autre moi. Il est donc deux choses antagoniques en même temps: un autre comme moi, autre que moi .
Il est cette double notion du même et de l'autre, cette confusion du semblable et du différent.
Aujourd'hui encore je réalise que, dans nos vies, tout ce qui compte sont les échanges humains. Tout ce qu'on peut théoriser sur le monde n'a de valeur que comme soulagement : les poids qui nous pèsent peuvent être allégés par une compréhension entre humains qui vivons des événements similaires en intensité. Notre vécu a besoin d'écho. Quel apaisement de se sentir compris par un semblable!
On ne demande pas à l'autre de vraiment résoudre nos écueils, on recherche souvent simplement une écoute, voir dans les yeux de l'autre qu'il reconnaît nos douleurs est souvent suffisant. On souffre d'attendre plus que ça. On peut espérer un monde meilleur et souffrir de son impossibilité ou on peut le refaire avec ceux qu'on aime et qui voient le monde idéal avec nos yeux.
Autrui est nécessaire à la conscience de soi selon Hegel dans La phénoménologie de l'esprit, la conscience de soi via une autre conscience est nécessaire, Sartre y ajoute, dans L'être et le néant, l'idée que l'autre est le médiateur entre moi et moi-même. Il est le médiateur de ma propre considération de moi en tant qu'humain. J'obtiens un statut objectif grâce à lui, du fait de l'intersubjectivité et du dialogue.
A travers la discussion, j'ai accès à une perception différente de la mienne qui complète mon intervention individuelle sur le monde.

Et vous, considérez-vous que les rapports humains restent notre seul salut?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Le rapport avec l'autre n'est pas pavé que de bons sentiments, malheureusement. Afin de compléter cette profonde analyse de la relation avec autrui, je vais me faire l'avocat du diable et énumérer certaines facettes obscures du rapport.

L'enfer c'est les autres. Ces autres que ma réussite dérange sous couvert d'éloges hypocrites, et que mes échecs font jubiler derrière un air faussement compatissant ; car si l'autre voit en moi une autre expression de lui-même, il ne sied point de trop s'en écarter sous peine d'être vu comme un salop ou bien comme un con... Ces autres dont le regard conditionne mon identité et qui grignotent mon libre-arbitre en me jugeant aussi assidument que gatuitement. Ces autres dont les valeurs et la logique n'ont d'autre but que de les glorifier, qui changent d'avis comme de chemise, et dont je ne peux me protéger qu'en leur ressemblant.

Formidable force d'inertie sociale, le gardien du temple sacré des traditions que constitue l'autre est aussi l'homme qui toujours été un loup pour l'homme...

Anonyme a dit…

Très beau discours que je trouve (parce que je m'y retrouve) typiquement féminin... C'est vrai que nous recherchons qu'une simple écoute mais cela l'homme (avec un petit h) ne s'arrête pas à l'empathie ni à l'écoute, il cherche la solution et veut nous l'imposer pour que nous arrêtions de parler ;-)

Anonyme a dit…

chose promise, chose due. réveil mal au crâne et me voilà ici, une soupe dans une main, une cigarette dans l'autre! Pour le moment la relation à déméler est avec mon corps qui n'apprécie guère les excès de la veille... Content de découvrir ton ptit monde virtuel, bien rempli je vois. L'autre fait du mal parfois et du bien souvent, merci pour hier, c'était bon de te voir!

Anonyme a dit…

flab : L'enfer c'est les autres c'est aussi Sartre qui le fait dire à ses personnages dans la pièce Huis clos comme quoi il avait envisagé tous les points de vue, ce que je n'ai pas fait et que tu me fais remarquer!
Ton autre référence philosophique "l'homme est un loup pour l'homme" est de Hobbes dans le léviathan. Je ne suis pas sans ignorer cet autre aspect, dans l'euphorie, je n'ai misé que sur les bons sentiments parce que c'est le point de vue que je cultive mais je ne suis pas naïve au point de croire que mon rapport à l'autre n'est fait que de bonnes intentions, le nier n'empêchera pas ce fait.

cécile : ta remarque rejoint la scission homme/femme faite dans les hommes viennent de mars, les femmes viennent de vénus. Parler de nos problèmes à un homme le met en position de devoir trouver une solution et lorsqu'elle n'existe pas, il trouve inutile le simple constat : alors qu'on cherche plus d'empathie qu'une solution.

so beautiful : joli pseudo. Mon post sur autrui aurait pu être plus fouillé mais on fait ce qu'on peut dans le feu de l'action. D'ailleurs mes lecteurs sont plus réceptifs à un discours plus concret mais j'aime l'alternance lourd et léger très représentatif de nos existences comme on en parlait hier.

Mathilde a dit…

Oh oui, bien sûr que c'est notre seul salut! Et quel doux salut...

Anonyme a dit…

mathilde : ah! Il y a plus d'humanistes qu'on croit dans la blogosphère!